Book de KaliCréations : Joshua Alexander Starr :: Le valet de Cœur : Destins Crisés (Part1)

Destins Crisés (Part1)


La pièce principale est plongée dans une obscurité presque totale. Une vague lumière est émise par les veilleuses du court couloir qui part de l'entrée. Le salon est baigné d'un calme sourd, comme si le lieu était inhabité. Seule trace de vie, une veste négligemment abandonnée sur le dossier du sofa, et la paire de chaussures qui traîne dans le passage. La basse, déposée dans l'emplacement qui l'accueille, trône près de la bibliothèque. La lumière faiblarde rend tous les objets gris donnant au lieu un air d’abandon. Sur le comptoir de la cuisine, comme oubliée négligemment, une tasse de recaf renversée, vestige d'un curieux combat. Près d'un miroir de poche, quelques gouttes de sang constellent la surface lisse. Le ronronnement régulier du vaisseau berce l'espace tout entier. Betty rassure de sa respiration chaude et lancinante les habitants qui dorment dans son ventre arrondi. Le petit sac de poudre blanche irisée semble avoir été délaissé, abandonné là. L'holoprojecteur reste muet et les livres silencieux s'alignent de façon ordonnée le long des étagères. La décoration est sobre mais pas absente. Une longue lampe s'étire depuis son socle sur le sol mais s'obstine à rester éteinte. Le couloir de pénombre remonte vers d'autres pièces, plus loin. Le chemin est tracé par les perles de liquide rouge semées le long du chemin. On entend de l'eau couler. La chambre elle, est dans un désordre apocalyptique. Toujours dans le noir, les draps et couvertures gisent au sol, arrachés à leur couche. Il semble qu'une créature aux abois s'y soit débattue jusqu'à l'agonie. Une des deux tables de nuit gît sur son flanc. Les vestiges d'un verre brisé se noient dans ce qu'ils ont contenu autrefois. Le fauteuil a été retourné, les étagères renversées, les oreillers arrachés... La moquette sombre est marquée par la catastrophe. Les tâches brunes se poursuivent jusqu'à la pièce d'eau d'où provient la régulière musique de la cascade. La douche coule en continu. Sur le sol des flaques glauques échappées s'incrustent dans les fibres avec une odeur sinistre de bile.     
     
La salle de bain est elle aussi plongée dans le noir. Ici la chaleur est étouffante, l'eau brûlante chute sur l'homme recroquevillé au fond du bac. La vapeur monte et couvre de buée les miroirs alors voilés. Le lavabo est habillé de traînées et de sillons de sang : marques écarlates sur l'émail blanc immaculé. Il tremble, les yeux clos, crispés sous la chute d'eau cuisante. Pourtant, il claque des dents. Il gémit et semble frigorifié. Il s'enroule en position fœtale sous le jet, encore tout habillé. Il baigne couvert de ses frusques cherchant à se réchauffer du froid mordant qui lui ronge les entrailles. Si ses dents serrées ne claquaient ni ne grinçaient pas on le croirait inerte. Il grelotte malgré les marques cramoisies que laisse l'eau brûlante sur les parties exposées de sa peau claire. Il se sent noyé dans la brume de cette pièce. Il penche la tête en arrière pour caler son crâne à la paroi dans l'espoir que l'univers cesse de tourner. Inefficace. La nausée refuse de lâcher prise. Il vomit de nouveau, directement dans le baquet cette fois. Il prend sa tête entre ses mains, la douleur est oppressante. L'eau continue de couler. Il y a des bruits sourds qui frappent dans son crâne. Une succession de chocs métalliques comme un gong qui résonne le long de ses os... Trois coups. Il geint comme si on lui enfonçait une tige de métal à travers les tempes et qu'on frappait dessus à coup de masse. Il garde les yeux fermés, la seule faible lumière des veilleuses de ses quartiers lui donne l'impression d'avoir des morceaux de verre pilés sous les paupières. Encore trois coups, il a la sensation que ses molaires se fendent. Même le bruit du jet sur lui, lui semble insupportable. « Josh c'est moi ! » La voix de la femme lui fend le crâne. Si il ne la connaissait pas par cœur il aurait du mal à l’identifier dans la confusion de son esprit et de son corps qui foutent le camp. Il dégueule encore, rien, juste de la bile. C’est douloureux. On dirait que ses entrailles se replient à l'envers. Il gémit encore. Il ne veut voir personne ou plutôt que personne ne le voit dans cet état. Il sait aussi qu'elle ne partira pas. Il suffoque, ses poumons sont un brasier. Elle frappe encore. Il cogne son crâne contre la paroi de la douche. D'une voix d'outre tombe extirpée du font de ses tripes comme un cri de désespoir il lâche : « Vas te faire foutre Kill... ». Elle ne s'en ira pas il le sait. Il prie pour qu'elle n'assiste pas à cet état de déchéance. La porte n'est pas fermée à clé, elle le sait aussi, elle le connaît par cœur.     
     

 
Ses yeux sondent le métal de la porte grise. Elles sont toutes grises, ces putains de portes. Mais celle là est un peu spéciale. Cette porte a du pouvoir sur elle… En fait, lui a du pouvoir sur elle. « Merde Josh, dis moi que t’es là ! » Déjà deux heures qu'elle se ronge les sangs. Ce n’est pas son style de ne pas venir à un inventaire, encore moins deux d’affilée. Josh, poser un lapin à son pote Otto ? Naaaaaa c’est mort ! Killian a une pointe dans le cœur. Son instinct lui hurle qu’il y a un truc qui cloche. Elle colle sa tête contre la paroi, les bras en croix tenant les rivets autant pour l’arracher que pour se retenir d’entrer. Putain, tu fais chier, Josh ! Elle n'a vraiment pas besoin de le voir aujourd’hui. Elle se redresse, elle ne peut pas rester là pendant des heures. Kill a déjà de la chance que personne ne l’ai vue. Elle colle l’oreille. Elle espère qu'il est avec une fille ou qu'il a été oublié, attaché aux barreaux de son lit. Elle ne rêve pas, elle sait très bien que ce n’est pas son genre. Rien… Si : le filet d’eau continu de la douche. Elle écoute, attentive, plusieurs secondes pour entendre une variation dans l’écoulement. Aucune… Ses yeux s’arrondissent, sa mâchoire se crispe, son iris se rétracte. Il est là ! Elle recule se mordant la lèvre. P’tain, Killian fait ça elle aussi et ça ne pressage rien de bon. Elle toque ses trois petits coups de tous les jours. Ceux d’une femme amoureuse n’osant pas révéler ses sentiments. La tonalité est toujours plutôt claire, ça tranche par rapport à ses intentions. Pas de réaction. Elle le supplie intérieurement de ne pas faire celui qui n’entend pas… Elle se dit qu'elle va bouffer cette foutue porte ! Allé pitié, qu'il soit en état de répondre. Killian insiste un peu plus fort. Elle imagine Ariane en train raconter à ses copines comment elle s'est pris un vent à se croire suffisamment proche de lui pour oser s’inviter dans sa cabine. Ses molaires grincent à se fendre. « Josh c'est moi ! ». Toujours pas de réaction, son cœur se serre. Allé, allé, allé… Elle trépigne et son pouls s’emballe. Elle trépigne tellement que l’étoffe entre ses jambe la brûle. Elle a envie d’exploser. Elle frappe à nouveau trois coups plus secs, plus durs, plus tendus… « Vas-te faire foutre Kill... ». A peine audible. Elle ne reconnaîtrait pas sa voix si elle n’était pas gravée dans ses os, mais c’est bien elle, déformée par la distance et la douleur. De la douleur ? Un éclair traverse le cerveau de Killian. Elle pousse la porte, il ne ferme jamais quand il est dedans. Gagné. Il fait noir comme dans un four. Son ombre s’allonge dans la raie de lumière. Merde, elle ne sait pas où est l'interrupteur. Kill pénètre dans ses ténèbres, fermant la porte derrière elle. Elle n'a besoin de personne. Elle n’a pas besoin de témoin. Il est à elle, et c’est à elle seule d’en prendre soin. Elle passe sa main métallique dans ses cheveux. Elle scrute l’obscurité en chasseresse expérimentée. Ça sent le sang, léger, stagnant sur les lieux immobiles. Le goût métallique rempli sa gorge. L’appel profond de ses entrailles l’assaille. C’est bien son odeur. Elle prie intérieurement, pourvu qu’il n’ait pas fait une connerie. Elle n’y survirait pas. Elle sait d’où elle vient, sans lui elle sait où elle s’engluerait si elle ne parvient pas à le retenir. L’urgence l’étreint. Elle suit les veilleuses du couloir à tâtons le temps que ses yeux se fassent à l’obscurité. Elle pénètre plus profondément dans les ténèbres figées dans le silence, seul le bruit d’eau continu marque l’écoulement du temps. Elle se dirige d’instinct vers ce son. Ce lieu inconnu l’oppresse. Elle trébuche sur les chaussures dans le passage, essaie de se rattraper de son bras droit tendu vers la masse qui semble être le sofa. C’est doux, c’est lisse, ça glisse. Bruit sourd, elle tombe. S’accroche à la forme longiligne qui vacille sous sa prise. Elle se relève. Elle se hâte. Elle pause son regard sur les masses grises qui hérissent le parcours, assurant ses prises dans un balai bancal. Killian chute encore. La douleur lui remonte du coude jusqu’à la base du cou. Elle se fige. Elle vérifie la matière gluante étalée sur ses doigts. Le liquide sombre est un peu élastique. Ça fait un moment. Kill porte la main à son visage et reconnaît immédiatement la substance. Elle vérifie à l’aveugle la moquette, il y a d’autre petite tâches noires luisantes, elles suivent le même parcours qu’elle. Elle se redresse et poursuit son chemin jusqu’au chambranle de la chambre. Elle s’y amarre comme pour se donner du courage. L’odeur acide, lui pique le nez, les yeux. Dans son cerveau tous les pires scénarii s’enchevêtrent. Ses doigts froids cherchent dans l’obscurité l’interrupteur, Kill plisse les yeux détournant le visage face au trop fort contraste. Elle observe la scène à travers le voile de ses cils. Killian est là, interdite. Elle reste immobile, seules ses pupilles bougent. Trop rapides sous l’influence de l’adrénaline. Elle cherche à comprendre le drame qui c’est joué ici provoquant ce cataclysme. Elle fixe d’un regard hagard la pièce, aux prises avec ses propres démons. Habituellement elle adore ce lieu qui lui semble chaleureux. Mais là, l’horreur de la guerre lui revient, elle fixe les coulures rouges des murs cherchant une empreinte ensanglantée. L’issue est bouchée par une barricade constituée du fauteuil, dépouille désarticulée, de l’armoire arrachée à son emplacement qui choit dangereusement en vomissant ses tripes, et de la petite table de nuit gisant sur le flanc. Même Betty se ligue contre elle pour lui barrer l’accès à l’être aimé en danger. Lui, il est venue la chercher, pas question qu’elle le laisse là.     
     

La rage étrangle sa voix, injecte ses yeux et rend sa vision floue. Elle danse au milieu de leurs vociférations et cherche une sortie dans la palissade de corps hostiles. Elle n’a pas couru assez vite. Elle les a tenus en échec bien quinze minutes, elle s’était cachée, mais finalement ça n’a pas suffit. Leurs sales mains se pausent sur elle, l’agrippent. Ça brûle. La haine, la colère et la peur la submergent. Elle siffle, tournoie. Elle lutte pour ne pas leur offrir de prise. Elle voit leurs intentions dans ces yeux voraces. Leurs rires résonnent dans sa tête, ses oreilles bourdonnent. Elle mord, ils frappent. Elle crie de douleur quand la barre métallique vient s’écraser sur son flanc. Elle crache du sang. Ils viennent de l’attraper. Une main puis l’autre, elle rugit. Un voile rouge obstrue son champ de vision. Elle veut les tuer. Après l’élastique de sa jupe, ce sont les bruits des coutures de son t-shirt cédant qui lui impriment l’urgence et le désespoir de la situation. Elle préférerait mourir que subir leurs assauts. Alors qu’elle se débat de plus belle, elle se sent happée, tirée. Les doigts crochus glissent laissant des ornières rouges. Ils emportent dans un cri de singe la dentelle de ses dessous. Elle se retrouve dans les bras d’une armoire brune. Elle ne le remet pas tout de suite mais son odeur est familière. Alyster. Il est revenu. Elle se retourne pour voir Joshua tiré dans la mêlée par cette multitude de griffes. Elle voudrait hurler. Le sauver. Elle retient ses vêtements, hagarde. Il est venu, il se sacrifie. La terreur de son devenir la fige. Elle fixe les yeux azurs du blondinet. Le piège se referme sur son petit ami. Il hurle, elle n’entend pas. Impuissante, elle observe les cheveux blonds se faire engloutir par les monstres, alors qu’Alyster l’emmène. Elle ne le sent même pas la tenir. Son cœur est là bas au milieu de la cohue. « Al ! Lâche-moi ! On peut pas le laisser là. » Elle retient les sanglots qui font dérailler sa voix. Al ne répond pas et poursuit sa course. Elle fixe son petit ami qu’elle voit chuter. Derniers éclats bleus avant que les bras de Al ne l’aient emmenée trop loin. Elle ne détache pas ses yeux du massacre qui se joue trop loin pour sa perception. « Dépose-moi chez Catherine ! Al ! » Le grand, lui répond d’un ton d’appartenance. « Non je te ramène chez toi ! Faut te soigner. » Resserrant son emprise sur la frêle jeune fille. « Mais ils vont le tuer ! » supplie-t-elle. Alyster plante ses yeux noirs dans les siens, alors que son âme se brise. « Je vais prendre soin de toi. Il a choisit… » L’horreur passe dans les yeux de la brunette. Elle le mord au sang et lui assène un coup dans le foie. Il ne l’avait pas vu venir. Elle court à perdre son souffle. Le distance sans mal.    
     
Elle avale les mètres. La vue est flou. Les blocs d’habitation gris se suivent inexorablement, identique. A bout de souffle, elle s’écroule le long d’une palissade. Al lui pause la main sur l’épaule. « Excuse moi Kill… Je t’amène. » Al baisse la tête comme un chien qui sait avoir fait une bêtise. Killian lève des yeux fades sur son ami. Elle n’a pas la force de se battre maintenant. Elle accroche ses bras au cou solide. Il la soulève avec facilité. Il finit par la déposer devant chez les Starr. Killian tambourine à la porte. Catherine finit par ouvrir. Son visage se décompose en voyant celui de Killian. Elle la détaille de haut en bas. Elle a les cheveux hirsutes et défaits, il lui manque une chaussure. La petite brune a des marques sur les bras et les jambes, sans compter l’état de ses vêtements. « Que t’est-il arrivé petite ? » Bafouille Catherine descendant au niveau de la jeune fille. Killian baisse les yeux, puis relève son regard vers sa deuxième mère. « C’est pas Joshua… Il a des problèmes… On a besoin d’aide, ils sont dix contre lui. Il a aucune chance… » Sa voix meurt alors que l’horreur danse dans ses prunelles. Catherine blanchit d’inquiétude. « Laisse moi trois minutes… » Souffle t-elle. Alyster passe sa veste sur les épaules de la brunette. Killian se tord les doigts à faire blanchir les articulations… Les secondes semblent une éternité alors de Catherine harangue ses amis pour allez sauver son fils.     
     
Les merles d’ébène s’acharnent encore sur la dépouille immobile. Charognards sournois. Les hommes du bloc menés par les deux femmes les dispersent sans mal. La main de Catherine écrase les phalanges déjà blanches de la jeune spacienne. La mère tombe à genoux quand elle distingue les cheveux blonds de son fils. L’un des hommes qui les accompagnent la retient alors qu’elle sombre dans les larmes. Killian s’élance vers sont petit ami qui gît au sol. Posant genoux à terre, elle l’enlace, sans un mot, dans une caresse. La jeune fille lui écarte une mèche de cheveux collée par l’hémoglobine qui obscurcit son visage. Cherchant l'attention de ses yeux de glace dans ce regard fuyant. « Joshua c’est moi… Je suis là » Lui souffle t-elle tout bas l’entourant de ses bras aimants. Elle vérifie son poul, il respire. Elle laisse couler une larme le long de ses joues qui va mourir dans ses cheveux. Kill tient sont amant dans ses bras. Le regard vide, elle repasse en mémoire cette journée maudite. Elle tourne la tête vers Catherine. Ses yeux azurs la fixe. « Il est en vie… » Al se rapproche tout penaud. Elle le regarde d’un air mauvais. Elle a envie de le tuer. Tous ça est de sa faute s’il n’avait pas voulu fanfaronner, ils ne seraient jamais venus dans le territoire des « Pistoneux », tout ça ne serait jamais arrivé...     
     

 
Le lit éviscéré hurle la violence de l’escarmouche récente. L’air est saturé. Il semble qu'il s'y soit débattu jusqu'à l'agonie. Elle ferme les yeux, se concentre sur la porte pas si lointaine, luttant pour s’ancrer dans la réalité. Elle s’élance dans les tranchées de couvertures, draps et oreillers dépecés qui livrent leurs chairs abîmées sans pudeur. Là aussi le sol sombre et rugueux s’abreuve des liquides issus des affrontements. La moquette régurgite les fluides rouges, gluants, jaunâtres, acides, et orangés à la pression de ses pas. Kill avance sur le champ de bataille abandonné sans vainqueur. Face à elle la salle de bain : dernière porte, palier vers l’effroi. Elle est fébrile. Elle secoue la tête, déglutit avec difficulté pour chasser sa vision d’horreur. Sa main tremble au moment d’ouvrir. Elle se fait mal à trop serrer ses molaires, on voit sa veine tressaillir sous sa peau claire. Une mèche de cheveux blonds tombe sur son visage tendu. « Pitié… » Souffle t-elle. Le métal n’offre aucune résistance est s’ouvre, bouche béante, sur le gouffre. Une épaisse vapeur s’échappe de l’Antre. L’éclairage de la chambre déchire l’obscurité de la salle d’eau. La raie de lumière saute la serviette jonchant inerte le sol. Elle slalome le long du lavabo blanc, révélant les perles de grenats glissant à sa surface. Pour finir l'éclat dépose une caresse sur le corps de Josh recroquevillé au fond de sa douche. L’air tropical aveugle Killian. Son regard vacille, la détresse se lit sur ses traits. Son sang ne fait qu’un tour. Le temps se suspend. Ses yeux se font doux. Elle hôte d’un geste souple, tout en avançant vers lui, sa veste. Posant genou à terre, elle l’enlace, sans un mot, dans une caresse. Il est alors parcouru d'un spasme et l'électrochoc accélère sa respiration. Il a l'impression d'étouffer sous cette emprise. Killian... Il voudrait la chasser, qu'elle n'assiste pas encore une fois à ce genre de débâcle. Il a la sensation de se débattre mais sait que le moindre mouvement lui coûte. Il bouge à peine. La douleur qui coure dans ses muscles est insoutenable. Il a froid. Ses globes oculaires roulent dans leur orbites, tentative désespérée d'ouvrir les yeux pour la supplier de partir, mais ne parviennent pas à trouver le moindre point d'ancrage. Elle lui écarte la mèche de cheveux qui obscurcit son visage cherchant l'attention de ses yeux de glace dans ce regard fuyant. Les pupilles de Joshua sont dilatées à l'extrême. Il semble qu'il lui soit impossible de verrouiller son attention sur le moindre point fixe. Il renverse la tête en arrière, contre le mur de carrelage et ferme les yeux. Elle vérifie d'un coup d’œil son cou, ses poignets. Seule l’immaculée blancheur de sa chemise détrempée semble violée par les larmes cramoisies de son âme sœur. « Joshua c’est moi… Je suis là » Lui souffle t-elle tout bas l’entourant de ses bras aimants. Il est bouillant. L’eau trop chaude la brûle. Il claque des dents. Elle lui passe ses doigts frais sur le front. Laisse couler sa main le long de sa joue. De ses doigts métalliques, elle prend sont poul sur son poignet. Elle a du mal à le lâcher. Elle le fondrait en elle pour lui donner sa vie. Chaque sillon laissé par le contact des doigts de cette femme lui donne l'illusion de la morsure d'une lame. Les creusets se perdent comme une caresse de verre dans les influx nerveux désordonnés. Commet la chasser ? Impossible de bouger, il n'a plus aucune force. Il préférerait qu'elle ne soit pas venue, pour rien au monde il voudrait qu'elle ne reparte. Plus jamais elle ne veut le perdre. Louve inquiète pour son compagnon, elle observe la pièce pour choisir les meilleures actions. Elle glisse sa main dans son col. Il inspire profondément en sentant ses doigts s'insinuer dans sa chemise à demi ouverte, comme si cette patte s'introduisait directement entre sa chair et ses muscles, laissant une plaie béante. Mais cette main est chaude sur sa peau glacée. Il entend le cliquetis léger de la chaîne à son cou alors que Killian la heurte du bout des ongles. Ça lui paraît être assourdissant. Il gémit. Le contact du métal la brûle, elle retire prestement sa patte. Là, jouant dans la lumière, tapis dans l’ombre, le démon qui vient de la mordre. Souvenir d’une autre vie. Elle fixe médusée, l’anneau en pendentif au cou de Joshua.