Book de KaliCréations : Joshua Alexander Starr :: Le valet de Cœur : Destins Croisés (Part3)

Destins Croisés (Part3)

Lové dans l’éponge, il dépose sa tête sur épaule de Killian. Il confond un peu tout, il s'en aperçoit vaguement. Elle enroule ses bras autour de lui et le frictionne pour le réchauffer. Il lui semble que chaque geste rend son corps à la fois plus vivant et plus douloureux encore. Il est brûlant. La fièvre ronge avec sa dent maudite... Il se cramponne à Kill comme si elle était le rocher qui l’empêchait de dériver, de se noyer dans les divagations de son cerveau en aliéné ; la seule lueur de lucidité dans son délire. Il répète : « Putain Kill, je vais crever... Je vais crever... ». « Je suis là je te tiens, tu vas nulle part. » lui glisse t-elle se retenant de le toucher. Il ne sait pas s'il préférerait avoir perdu toute conscience ou s'il remercie le sort de lui accorder la perception de sa présence. Elle se pose sur lui en fermant les yeux. L'étreinte est douce et le réchauffe. Elle prie, souhaitant que sa chaleur, que sa vie lui soit transmise. Entre elle et lui, s’il fallait n’en sauver qu’un, elle choisirait sans hésiter son ex amant. Les minutes s’égrainent. Il se blottit contre son cœur et écoute les battements réguliers. Killian prend avec douceur la tête de l’homme blond, lui caresse les cheveux. Elle a les yeux mis clos. Savourant le court moment de répit qu’Opale lui offre. La respiration de Joshua s'aligne sur ce métronome rassurant. Le souffle de Kilian vibre dan sa poitrine et se confond avec les ronronnements de Betty. Il a la migraine et le froid mordant qui l'a investi n'arrange rien. Heureusement, le corps qui l’enlace partage sa vie et sa chaleur. Mi consciente Killian fredonne. Il se sent bercé un instant. Soudain, il est enveloppé d'une vague ardente, comme si tout son corps et son âme s'immolaient. Il sent sa cage toxique s'écraser sous un poids inconnu et respiration s'obstrue. Des flammes dansent devant ses yeux alors qu'il voit les murs se consumer. Il s'agrippe et serre la main qui le ceint de toutes ses forces. Kill, le serre autant qu’il imprime la pression sur son bras gauche. Elle se bat pour le retenir dans la lutte inégale face à cette mauvaise amante qu’est Opale. Sa mâchoire se crispe, ses dents grincent. Il ferme les yeux. Il a soudain l'impression de chuter brutalement d'un hauteur vertigineuse ! Il rouvre ses paupières et se trouve pris dans un roulis abominable. Joshua sent son crâne se fendre en deux. Il voudrait crier mais ses dents sont scellées. Il ne peut emmètre qu'un long râle nasillard. Il entend ses os craquer et ses organes se faire broyer sous la pression d'une masse invisible. Il vomit encore... Elle le redresse, essuie l’écume à ses lèvres douces, lui passe la main sur le front. L'homme peut sentir le moindre millimètre carré de sa peau. Il se tend jusqu'aux orteils déchiré par une tétanie brûlante. S'il ouvre les yeux, le moindre rayon de lumière, la moindre lueur lui perce la rétine, s'il les ferme c'est pire. Il cherche Killian dans les brumes d'un delirium qui le perd dans un monde sans décor ni perception. Il s'accroche à sa peau, en arrachant la chair de cette compagne salutaire. Ou est-ce la manche de son vêtement ? Elle le serre contre elle alors qu'il hurle quand quelque chose foudroie sa colonne vertébrale. Il voit ces milliers d'insectes qui recouvrent les murs, multitude de tâches noires dans son champ de vision réduit, et qui grignotent les flammes sur les murs... Qui de ces scarabées infernaux et du feu le dévorera en premier ? Sa tête ploie dans la lutte, il lâche prise, il perd connaissance. Killian réagit d’instinct quand elle sent sa respiration devenir exsangue. Elle veille sa respiration. Il tremble dans ses bras, elle redoute les convulsions à venir. Elle dépose un baisser sur son front. La fière n’a pas encore baissé. Elle perçoit les mouvements oculaires sous le voile de ses paupières. Elle fait couler un bain tiède. Elle regarde les flots monter. Elle glisse Joshua dans le liquide doux. Les vaguelettes lèchent puis recouvrent ses muscles. Douce compagne, l’eau le réchauffe, le berce. Elle le trouve beau. Elle est inquiète. Elle vérifie sa montre. Un voile rouge fond dans le bain. Elle en vérifie la source. Ça va, c’est simplement des lacérations dans son bras droit. Elle affiche un sourire triste, elle n’a même rien senti. Elle le tient, ne pouvant se défaire de ce contact brûlant. Les spammes font trembler la surface brillante. Elle passe sont bras gauche sous sa taille et le droit sur sa nuque. Elle se penche. Elle sent sa respiration sur son visage. Il s’enfonce inexorablement. Elle ploie au dessus du corps de son homme, le maintenant entre deux eaux. Il a la sensation de retourner en arrière.

  
     
Ce soir c'est le bal annuel pour la fête de l’Ascension de l'Empereur. L’événement pourrait paraître un peu désuet mais il faut dire qu'il ne se passe pas grand chose à bord d'une station spatiale. Même si Noubangkok est immense du fait qu'elle soit devenue un colossal agglomérat de vaisseaux spatiaux, d’astéroïdes en cours d'exploitation et de constructions diverses ajoutées à la base qui existait à l'origine, elle ne fait pas exception. Aussi, le jour de l’Ascension de l'Empereur et son bal se parent d'atours exceptionnels et beaucoup aiment à y participer, jeunes ou plus âgés. Joshua et Killian en tant que jeunes gens très impliqués dans la vie de leur communauté ne manquent pas cette occasion. L'année précédente, le petit groupe de musiciens qu'ils avaient formé avait même été invité à jouer pour le bal dansant de leur secteur. Joshua est allongé sur le dos, sur le lit de Killian, dans la chambre de la jeune fille, les bras derrière sa tête. La pièce est plutôt petite, mais chaleureuse et confortable. Les murs sont couverts d'un joli papier peint jaune lumineux et la jeune femme a installé de légers voilages, fin et bleus. Comme beaucoup de spaciens habitués aux habitats standardisés et aux blocs de béton et plastech gris, ils aiment les couleurs vives. Un tapis épais sert de descente de lit et habille le lino morne. Elle est désordonnée. Une petite guirlande lumineuse serpente le long du mur où vient se coller le lit et offre une lumière tamisée à la pièce. Une armoire qui déborde de vêtements, un bureau ressemblant à un champ de bataille et une coiffeuse encombrée composent le reste du mobilier de la pièce exiguë. Sur cette dernière, au milieu des produits de beauté bon marcher, des brosses à cheveux et de mile autres objets n'ayant rien à faire là, juste abandonnés : une boite à bijou trône, abondante et ouverte. Elle scintille doucement à la lueur des loupiotes sur le mur et les reflets coulent hors de leur rangement. Ce coffre aux trésors mystérieux est remplit d'étoiles dont elle pare son cou et ses doigts magiques. Quelques vêtements ont été jetés ça et là, témoins de la coquetterie occasionnelle de la jeune femme. Josh regarde à travers le paravent sa petite amie s'habiller. Il attend, paisiblement allongé dans les coussins de mauvais goût aux couleurs excentriques qu’elle collectionne pour une raison qui lui échappe. Il observe cette ombre légère et aux formes élégantes et harmonieuses transparaître discrètement. Il a hâte de la voir dans sa robe, il a mit du temps à la choisir. Il joue avec son anneau de fiançailles, le faisant tourner autour don son annulaire avec son pouce. En contemplant les armoires trop pleines et cette boite à bijoux qui déborde, il sourit. Il se dit qu'il la gâte beaucoup trop. La choiller, il adore ça. Il est heureux, ils viennent d'avoir seize ans et dans à peine plus de six mois elle sera sa femme. Ils sont depuis longtemps approuvés par la communauté, même si ça ne semble être qu'une formalité, il espère que la cérémonie sera belle. Il économise depuis des mois. Il soupire en se disant que peut-être il ne devrait pas prendre autant de risque avec son trafic mais finalement, s'il veut lui offrir une vie agréable, peut être même changer de quartier si elle le désire, il fera ce qu'il faut. Il devine ses courbes travers ce filtre coloré, fait courir ses yeux sur sa taille fine, passe mentalement ses doigts dans ses cheveux longs. Ils passeront leur vie ensemble. Il l’imagine dans cette robe légère avec gourmandise. Il lui a choisie avec goût, prenant soin de s'inquiéter de la forme, de la couleur et du tombé qui lui plairait. Beaucoup pour elle, un peu pour lui. Cet endroit sent bon, comme ses cheveux. La voix de Killian est enjouée, Joshua se dit qu'il a du viser juste, encore. Satisfait et fier, il fend son visage d'un large sourire, profitant à la fois de sa réussite, de l'instant et de la vue du corps de la fille dont il est éperdument amoureux.     
« - Si c’est une fille se sera Catherine. J'y tiens ! Fait elle en passant les bretelles. Il rit, il aurait mis sa main à couper qu'elle voudrait prendre le prénom de sa mère.  
- Tout ce que tu veux Kill, toujours. Elle sort la tête du paravent avec une moue plissée, ses cheveux sont libres et brillent comme une cascade de chocolat.   
- Moi ce que je veux c'est ton avis, espèce de chieur de première. Elle lui lance une chaussette en boule dessus, qu'il rattrape avec une habitude évidente. Il rit, il l'adore. Elle replonge dans sa cachette. Et puis Adrien si c’est un garçon !
  
- Ça me va. Il déroule la chaussette, la plie, et la dépose soigneusement sue le coin de la table de nuit. Tu ne devrais pas les séparer, après tu les perds.
  
- Sinon Stan ou Peter, c’est plus classique mais ça me plaît bien. Et puis si c'est une fille... Elle réfléchit. Noémie ! Non, Lila ! Un nom de fleur, ça c'est bien un nom de fleur, tu trouves pas ? Il éclate de rire face à son enthousiasme débordant.  
- Tout ce que tu v... Ah, voilà la deuxième chaussette, directement en pleine poire. Elle vise bien ! Elle siffle d'une voix aiguë un peu forcée.  
- Mais arrête avec ça ! Elle exagère sa bouderie et minaude comme un chaton. Il lui sourit.  
- Pourquoi tu veux toujours te battre avec moi ? Taquine t-il tendrement. Je me range à tes conditions, tu le sais et j'obtiens toujours mon traité de paix. Il lui donne un sourire ravageur en échange de sa bouille capricieuse. Elle pince les lèvres faussement vexée mais surtout fière de sa victoire. Tu es prête ? »
  
Il s'assoit sur le rebord du lit alors que sa princesse fait son apparition. Il ouvre de grands yeux alors qu'elle se dévoile depuis sa cachette. Un peu timide, un peu fière, un peu aguicheuse, elle avance à pas de loup, faisant onduler le tissu autour de ses hanches fluettes. Elle écarte d'un geste mutin la mèche de cheveux bruns en levant ses grands yeux clairs sur son jeune amant. Elle balance ses hanches puis approche comme un chat funambule. « Alors ? » Elle tournoie une seconde sur elle même faisant flotter l’étoffe tout le long de son corps. Le tissu est d'un joli vert d'eau, vif mais pas criard, qui descend se dégrader doucement le long de ses jambes pour se changer en un bleu clair et affirmé. Au bas, des fleurs sont brodées de doré et leurs tiges remontent et courent sur le vêtement en une treille élégante. La robe qui arrive à mi hauteur des jambes de Killian s’élargit légèrement depuis la taille cintrée en légers volants de mousseline. Elle minaude d'autant plus qu'il semble absorbé dans sa contemplation et ne répond pas immédiatement. Il s'aperçoit qu'il a la bouche ouverte. Son visage porte l'expression d'un profond ravissement et d'une sérénité calme. « Tu es la plus jolie jeune femme de tout l'Imperium Killian... » Il laisse sa phrase en suspend pour goutter encore la magie de l'instant. Le tissu n'est pas de la soie, les broderies ne sont pas faites mains et les diamants ne sont que de vulgaires strass. Elle le sait, ils ne vivent pas dans les spyres des mondes-ruches. Rien que pour une robe aussi modeste, ici la folie est hors de prix. « Tu es bon menteur. » Dit-elle en secouant la tête pour se moquer alors qu'elle tente de boucler le fermoir d'une fine chaîne dorée à son cou, face au miroir de sa commode. Il se lève et la rejoint. Il saisit délicatement les deux parties du fermoir et le bloque pour elle. Il l'embrasse dans la nuque, repoussant doucement ses cheveux. Il pose ses mains chaudes sur les épaules de sa compagne et lève les yeux vers leur reflet à tous les deux dans la glace. Il voit dans son regard à quel point elle est fière, à quel point elle se trouve belle, à quel point elle savoure d'être à son bras. Il aime ça. Il se damnerait pour voir ce regard chaque jour de sa vie. Ses mains tremblent rien qu'à la toucher. Il fixe son reflet dans le miroir. « Tu sais bien que je ne peux pas te mentir à toi... »
  
  
Le bal bat son plein en ce milieu de soirée au cœur du secteur vert 208 sur Noubangok. La musique de la fête ébranle la morosité habituelle de ses cris de joie. Des câbles ont été tendus d'un côté à l'autre des rues pour y accrocher des lampions de couleur. L'ambiance est à la fête et la musique dansante raisonne. Il y a un orchestre de jeunes du secteur qui joue une mélodie enjouée et festive. Déjà, les gens dansent et s'amusent. Des stands bariolés se succèdent et la foule se presse autour des diverses activités qui sont proposées sur les places. On y vend une pléthores d'articles d'artisanat, on y échange vêtements et nourriture. Une bande de jeune hommes participent à un concours où on frappe dans un sac pour mesurer sa force devant quelques jeunes filles qui ricanent entre elles et commentent. Les décorations multicolores s'enroulent autour des lampadaires. On a confectionné des fleurs en papier que l'on a regroupées en grappes et en guirlande pour habiller les murs habituellement mornes de l'endroit. Des luminaires colorés arrondissent les blocs parallélépipédiques. Des rubans enrobent les bâtiments et les mats surplombés de couronnes en faux végétaux. Joshua est près du bar, il sélectionne avec soin un cocktail agréable, quelque chose qui sort de l'ordinaire, pour sa compagne. Là bas, un groupe d'Ignasiens joue de la guitare sèche en hululant bruyamment pendant que deux de leurs femmes, parées de robes rouges et or dansent en tapant des pieds. Les hommes autours parlent fort. Soudain l'un d'eux lève son verre en beuglant « Viva el General ! » Ses coreligionnaires velus lui répondent comme une Waggg Orc en rûte « Ignasus asta la muerte ! » et ils entonnent alors un chant martial assourdissant ! Ils ont perdu leur planète il y a quelques années et les réfugiés ont afflués. Ça fait moins de deux ans que les dernières poches de résistance sont tombées. C'est encore frais. Depuis un peu plus de cinq ans la communauté Ignasienne sur Noubangkok ne cesse de gonfler. Josh sourit, il les aime bien, ils croient encore malgré tous ce qu'ils ont du abandonné : planète, famille, espoirs... L'air sent le sucre qui flotte depuis les friandises des stands alentours. Les femmes du quartier ont fait des pâtisseries qu'elles vendent à la part, des crêpes et des beignets. « Salut Joshua ! » fait une voix tintée d'un accent ensoleillé à coté de lui en lui sautant au cou. Le jeune homme manque de renverser ses consommations sous le manque de délicatesse de la jeune fille ! Une paire de mains brunes se pend à son bras gauche. Les ongles ont été vernis de rouge pour l'occasion. Du côté droit une bise charnue vient imprimer son rouge à lèvre sur la joue du blondinet. Pilar est grande et déjà plantureuse depuis longtemps bien qu'elle ait seize ans tout comme lui. Elle porte un chignon serré avec un peigne joliment orné. Elle s'amuse à faire profiter le monde de ses formes généreuses en portant de nombreuse tenues aguichantes et très colorées. Esperenza est plus fine mais arbore de longs cheveux d'un noir profond sur de vertigineux yeux verts qui ressortent comme deux saphirs sur sa peau brûlée par le soleil de son monde natal.  
«- Wooop ! Attention mesdemoiselles ! s'écrit-il en retenant les verres de leur chute mortelle avec un mouvement aussi souple que celui d'un chat.  
- Alors, ronronne Pilar, on est tout seul ?  
- Si elle te laisse sans surveillance dans la nature comme ça, ajoute Esperenza en ricanant, tu vas te perdre petit chat... Le jeune homme pose ses deux verres avant qu'il n'arrive une catastrophe à son pantalon neuf.  
- Dites moi chéries, fait-il d'un ton enjôleur, que puis-je faire pour vous ? Esperenza rit, c'est Pilar qui lui répond d'une voix chaude et profonde.  
- Esperenza et moi nous demandions laquelle de nous deux rentrerai avec toi ce soir. Il se frotte la joue pour retirer le rouge à lèvre. Pilar tente de glisser sa main sous sa chemise alors que la pression de l'autre femme se resserre sur son bras prisonnier.  
- Et bien quel veinard je fais ! Et que de hâte, s’échappe t-il !  
- Allé, feule Esperenza, il n'y a pas de mal à apporter un peu de soleil dans cet endroit sans ciel, pas vrai ? Elle bat de ses interminables cils.  
- En effet, fait Joshua alors qu'il extirpe son bras de la prise de la jeune femme. Mais je suis fiancé ma belle, et je ne suis pas un fou, je ne contrarierai Killian pour rien au monde. Ce que femme veut...  
- Roh ne sois pas farouche petit mec.»
  
Il se retrouve avec le décolleté de Pilar juste sous le nez alors qu'elle lui glisse une main dans les cheveux, puis sur la nuque. Il jette un œil à Killian qui semble être en grande discussion avec Alyster. Ils ne le voient pas tout de suite, ils ont l'air absorbés. Al lui tient la main et semble être contrit. Elle fait une moue embêtée en fronçant le nez. Il lance un S.O.S. silencieux à ses deux comparses sur le banc à une quinzaine de mètres. Il agite mentalement un drapeau blanc en priant qu'on lui envoie une navette de secours avant qu'il ne soit englouti par ce Warp féminin d’hormones hispaniques... Il refuse d'être grossier ou incorrecte, son éducation le lui interdit, mais il trouve la situation extrêmement gênante. Il aperçoit Kill tirer sur la manche de Al et lui signifier que son pote semble en perdition. Merci Killian, ma douce ! Elle a les sourcils froncés de jalousie, elle est belle quand elle est en colère, dans sa robe, ses cheveux longs libres sur les épaules.  
« - Et puis tu sais, elle peut venir ta copine, on est pas jalouses ! Lâche Pilar. Josh tousse sous la surprise ! Esperenza rougit et ricane bêtement. 
  
- Je vois ça… fait-il un peu agacé et complètement ébaubit par l'audace des deux Ignassiennes. Il récupère un des deux verres et s'en sert de bouclier au décolté envahissant de la fille au chignon. Il entrevoit Al fendre la foule dans sa direction. Il regarde son copain en se disant qu'au moins, il ne se déplacera pas pour rien, les deux minettes sont assoiffées de chair.  
- Quoi beau blond, grogne Pilar, provocatrice près de son oreille. Tu as peur mon père ou de mon frère ?  
- Non mes belles, il sauve le second verre et lui même par la même occasion. Je ne crains pas vos père ni vos frères, mais vous, mes chéries. Je sais bien que vous me mangeriez tout cru... »   
Il fait sourire gracieux et un large pas en arrière pour laisser passer Al en lui adressant un clin d’œil complice. Le grand costaud tape amicalement l'épaule de Josh dans un sourire entendu. Pour une fois c’est Alyster qui vient le tirer d'affaire et il n'y perd pas au change. D'un autre côté, Josh préfère de loin le sacrifier aux griffes de ces deux harpies calliente plutôt qu'il profite du moindre moment pour être seul avec Kill. Il est devenu intrusif depuis qu'ils sont fiancés. Elle éclaire son chemin au milieu de la foule de gens en effervescence. Il revient vite s'amarrer à elle et lui tend le verre qu'il a commandé pour elle. Il l'embrasse dans le cou et sourit en passant sa main libre dans ses cheveux. Il efface du même coup cette expression jalouse et bafouée. Même si elle boude elle est parfaite. Il s'assoie près d'elle, après ils iront danser. Il adore ça. Elle mentira en disant qu'elle n'aime pas, il lui fera croire que c'est magique. Elle aura jouer pour perdre et ça lui plaira. Se sera magique. Joshua l'enlace tendrement. C'est une belle soirée. Il se sent bien comme s'il flottait dans une douce chaleur.


  
Il ouvre de nouveau les yeux et se trouve à serrer Killian dans ses bras. Son corps et son âme mis à nu, elle l’empêche de dériver. Il voit ses yeux tout près de son visage, sa ligne de vie. Port d'attache, Joshua sait que si elle le lâche il ne pourrait que couler. Les billes bleues reviennent. Kill lui sourit. Il étire les muscles de ses zygomatiques pour lui rendre son sourire si charmant bien qu'il se sache grimaçant. Elle le redresse. Vérifie sa température. Il va avoir froid. Elle le sort. Elle le colle contre elle. Elle s’enivre de son odeur. Il enroule ses bras avides autour du corps de la femme et se redresse avec son appui. Il détourne le visage de l'aveuglante lumière qui filtre par l’entrebâillement de la porte menant à la chambre. Elle lui couvre les yeux alors qu’elle le ramène près du lit. Péniblement, il est remis sur ses pieds, transit des tremblements anarchiques qui frappent son corps sans relâche. La respiration de l'homme est encombrée, lourde, profonde et douloureuse. La fièvre gagne du terrain. Pour Killian, sa propre salive lui parait acide à ramener ainsi un proche à travers un théâtre de bataille. Il semble fait de plomb. Elle a son bras gauche sous son aisselle et lui s’accroche, pesant le poids d'un cadavre, à ses épaules fortes. Elle éteint la lumière, la sachant brûlante et le place sur le lit. Elle a froid sans lui, elle réalise qu’elle est trempée. Lui transpire, dévoré par un feu intérieur vorace. Les fourmillements dans ses nerfs le font vibrer de haut en bas. Elle laisse glisser ses vêtements humides au sol, se penche pour récupérer les draps et couverture qui avaient fuit la couche plus tôt. Le matelas est dur sous son dos mais il a l’impression d'être aspiré. Allongé, il fixe le plafond qui lui paraît devenir liquide sous l'effet d'une chaleur accablante. Presque lucide, il se frotte les yeux de ses deux mains engourdies, comme ralenti par un effet de persistance rémanente. On dirait que quelque monstruosité sortie du Warp a décidé de lui couler de la lave en fusion dans les os et qu'il se remplit. Il gémit autant qu'il respire. Elle se hâte de revenir avec une bassine, un cataplasme humide et un jus de ploin. Elle le regard se débattre dans ses limbes. Elle souffle profondément comme s’il avait pu disparaître pendant ses quelques secondes d’absence. Elle s’assoit à coté de lui, infirmière improvisée. Chaque mouvement de sa cage thoracique, alors que ses poumons se gonflent et se dégonflent, lui inflige une pression indigeste. Il entend Kill près de lui, il tend le bras gauche espérant atteindre à tâtons un morceau de chair amie. C'est le poignet clair et chaud de la femme qu'il rencontre du bout des doigts et qu'il harponne. Josh se cramponne. Un sourire triste traverse le visage de Killian. « Je suis là, tout doux Joshua… » lui glisse t-elle. Il ne parvient pas à faire la différence : est-ce sa chair ? Est-ce ce bras de substitution qu'il tient ? Il est tellement consumé par la morsure de la fièvre que tout ce qu'il touche lui semble gelé ou fait d'acier. Kill lui pose le cataplasme humide et frais sur le front prenant soin de ne pas heurter la chair douce de son ami de ses doigts métalliques. Il sent ses lèvres se craqueler alors qu'il cherche à déglutir. L'univers entier gravite à une vitesse folle autour de son lit. Aussi haletant que s'il étouffait, épuisé, il continue d'empoigner Killian, usant de ce qu'il pense être ses derniers efforts pour lier ses doigts aux siens. Il serre cette main froide dans la sienne moite, à s'en blanchir les phalanges. Elle intensifie l’emprise, douce et ferme, forte comme si elle avait toujours était là. Il est déshydraté. Il plisse les yeux et voit les bêtes de son esprit courir le long des murs, grouiller. Ces gremlins allument de petites mèches de feu ça et là avant de disparaître, fourbes, sous un coin de tapisserie ou de se fondre à l’intérieur de Betty. L'odeur nauséabonde et l'épais brouillard du vieux cigare de Flint se répandent dans la pièce. Il est secoué de spasmes, à la merci de son estomac vide qui voudrait encore extraire le mal violent qui l'habite. Les murs de flammes se gondolent et chantent. Il s'agite, se débat, toujours cramponné à sa bouée de sauvetage. Killian se penche sur lui, le maintenant pour calmer les convulsions, plongeant son regard dans les yeux absents de Josh. Deux yeux verts immenses le fixent dans le plafond. Enjôleur, un sourire pourpre se dessine. Alors que le ciel fond, un visage se trace. La jolie fille rousse s'extrait doucement faisant fi de la gravité comme une figure de proue qui se détache de son navire. Betty tend les bras vers Joshua et caresse son visage. Les doigts fins et vernis descendent sur sa poitrine dans un geste érotique et alléchant. Les ongles griffes, aguicheurs, les muscles de son abdomen et jouent à dessiner le contour de ses iliaques. La petite langue chaude et pointue de la rousse circule entre ses pectoraux, traversent les muscles de son abdomen avant d'aller caresser la ligne qui part de son nombril. Il se couvre de chair de poule au contact de l'illusion qui l'embrasse. Il exhale une plainte suggestive et se tend. Mais très vite la sirène, les lèvres gourmandes et sa jolie voix se changent en menace cannibale, et ce corps désirable sortit droit d'un rêve se pare de chapelets d'écailles. Des mâchoires voraces se referment avides là où elles chantaient des promesses d'intrusion intimes. Il hurle. Sa peau fume, ses côtes se brisent, son cœur s'arrache. Il serre le bras qu'il n'a pas lâché alors que la succube disparaît avec son rire hystérique dans le cloître des murs, emportant son cœur arraché à ses entrailles entre ses griffes. Tout son corps se crispe ne sachant plus quelle partie doit se racornir pour fuir la douleur. Joshua ferme les yeux et siffle entre ses dents fondues entre elles : « Pars pas Kill... Me laisse pas.
  
- Je suis là mon coeur… » Laisse t-elle échapper, en lui soulevant la tête afin d’humidifier ses lèvres avec un peu de jus de ploin. Son regard clair l’entoure de toutes les attentions faisant fi des rêves qui peuvent le hanter. Elle se concentre pour le garder au près d’elle, ancrage dans leur réalité, lui offrant le velours de ses bras. Elle se glisse à coté de lui entre les draps.